Extrait de « Coutumes d’autrefois » (in Bulletin Municipal de Bussières-Poitevine, N° 30, Février 1996)

Suzanne Biava

p. 20

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Suzanne Biava, « Extrait de « Coutumes d’autrefois » (in Bulletin Municipal de Bussières-Poitevine, N° 30, Février 1996) », Langues et cité, 30 | -1, 20.

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Suzanne Biava, « Extrait de « Coutumes d’autrefois » (in Bulletin Municipal de Bussières-Poitevine, N° 30, Février 1996) », Langues et cité [En ligne], 30 | 2021, mis en ligne le 20 mars 2021, consulté le 26 avril 2024. URL : https://www.languesetcite.fr/235

Ce texte, extrait de « Coutumes d’autrefois » de Suzanne Biava, présente les pratiques traditionnelles, encore attestées dans la première moitié du XXe siècle à Bussière-Poitevine, destinées à remercier périodiquement les animaux (vaches), végétaux (pommiers) et objets (puits) dont les productions permettent aux humains de subsister.
[Parler de Bussière-Poitevine, commune de Val-d’Oire-et-Gartempe, Haute-Vienne]

[Version originale]

Boune annade !

Las fêtées sont finides.

Vou avai san doute bien réveillounna, bien bju, p’t’ête na à la messe de miéneu (…).

I pari partant qu’ou n’avai pas siégu quellées jolies modées de din l’temps que rendiant si brave lou nou[ë]les et lous premis d’lan… (…)

Avai-vous, dins l’fougi, fait [g]râla las nouzillades biondes din la pêle parçade à grande quou que v’nit jusqu’au mitan d’la piace ?

Et vôtrés qu’avai d’la vachées, yor avai-vous douna, vers miéneu, la forchade de r’gain vardelet que sint inquère si à bon l’beau temps. Qué lor payade par toute une annade de services.

En sautant deu lit, l’mati deu premi d’lan, vôtr[é]es, las fennées, avai-vou pensa à las étrennées deu pout ? Eu n’réquiame pas ; mais une p’tite nouzille bien rousse, un cacot j’ta au fond par-dessus la margelle et eu n’tariro pas d’l’annade (…).

Et la guillanneu d’lous poumis ? Yor avai-vous noua une ceinture avec quoqué brins d’paille de seille bien heulade (…) ? Sinon, pas de poumes, pas de cite quette annade ! (…)

[Traduction en français]

Bonne année !

Les fêtes [de fin d’année] sont finies.

Vous avez sans doute bien réveillonné, bien bu, peut-être êtes-vous allés à la messe de minuit (…).

Je parie pourtant que vous n’avez pas suivi ces jolies coutumes d’autrefois qui rendaient si beaux les Noëls et les Premiers de l’an.

Avez-vous, dans le foyer, fait griller les châtaignes blondes dans une poêle percée dont la grande queue arrivait jusqu’au milieu de la pièce ?

Et vous qui avez des vaches, leur avez-vous donné, vers minuit, cette pleine fourche de regain verdelet qui sent encore si bon le beau temps ? C’est leur récompense pour toute une année de services.

En sautant du lit, le matin du Premier de l’an, vous les femmes, avez-vous pensé aux étrennes du puits ? Il ne réclame rien ; mais avec une petite noisette toute rousse, une noix jetée au fond par-dessus la margelle, il ne tarira pas de l’année.

Et le gui-l’an-neuf des pommiers ? Leur avez-vous noué une ceinture avec quelques brins de paille de seigle bien huilée ? Sinon, pas de pommes, pas de cidre pour cette année !