26 | 2014Les langues kanak de Nouvelle-Calédonie

Près d’une trentaine de langues kanak sont actuellement parlées en Nouvelle-Calédonie : elles confèrent à ce territoire une diversité linguistique remarquable, et à vrai dire unique dans l’ensemble que constituent les Outre-mer français. Ces langues kanak sont en contact avec de nombreuses autres : le français, mais aussi les langues apportées par l’immigration en provenance d’Asie du Sud-Est ou des iles avoisinantes du Pacifique Sud, ou encore l’anglais, langue des touristes de l’Australie voisine par exemple. On parle également un créole, le tayo, apparu au début du XXe siècle à la plantation de la mission de Saint-Louis, non loin de Nouméa.

Profondément marqué par l’histoire coloniale, le multilinguisme calédonien se trouve à présent confronté à la double influence de l’enseignement monolingue francophone et de l’urbanisation. Si quelques- unes de ces langues ont été, récemment et de façon limitée, intégrées dans les cursus scolaires, les langues kanak dans leur ensemble ont tendance à perdre des domaines d’usage au profit du français. Leur préservation fait cependant l’objet d’une politique territoriale volontariste. Respectivement fruits des Accords de Matignon (1988) et de Accord de Nouméa (1998), l’Agence de développement de la culture kanak–Centre culturel Tjibaou et l’Académie des langues kanak sont placées sous l’autorité du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Elles se donnent pour mission de documenter et d’archiver le patrimoine culturel calédonien, tout autant que de produire des contenus muséaux ou pédagogiques - visant ainsi à maintenir la possibilité d’un usage linguistique quotidien et à créer les conditions d’une préservation patrimoniale.

La Nouvelle-Calédonie apparait donc comme un territoire exceptionnel, par la variété linguistique qu’il présente autant que par la vitalité institutionnelle locale qui la soutient, et ce dans un contexte politique particulièrement complexe. Ce numéro de Langues et cité vise à apporter des éléments de compréhension du multilinguisme calédonien et de son histoire, en donnant la parole à des chercheurs en linguistique, en anthropologie et en ethnomusicologie, mais aussi à l’ALK et à l’ADCK–Centre culturel Tjibaou.

 

Les proverbes en langues kanakes, avec leur traduction commentée, ont été gracieusement fournis par l’ALK.

Sur la graphie invariable de « kanak », voir page 15 (https://www.languesetcite.fr/370).