28 | 2017Les langues de Polynésie française

Ce numéro de Langues et cité met à l’honneur les langues de Polynésie française. Si le grand public connaît bien l’île de Tahiti, les autres îles de la collectivité, laquelle comprend notamment les Marquises et les Tuamotu, restent plus souvent dans l’ombre. Il s’agit donc ici de présenter les pratiques langagières et la situation sociolinguistique d’un territoire entièrement composé d’îles, réparties sur une surface géographique considérable – équivalente à celle de l’Europe. Les politiques linguistiques et éducatives qui sont menées dans cette collectivité d’Outre-mer, au gouvernement de laquelle l’État français a transféré une partie de ses compétences, sont particulièrement volontaristes. L’enseignement des langues locales, leur transmission et leur préservation sont ainsi des objectifs clairement affichés, et la création de plusieurs académies depuis les années 1970 a fourni en ce sens un soutien institutionnel supplémentaire.
Au vu de l’histoire de ce territoire ultramarin néanmoins, la valorisation des langues autochtones n’est évidemment pas une tâche dépourvue de difficultés. Les travaux de recherche et les points de vue institutionnels ici présentés laissent en particulier entrevoir la persistance de résistances à l’enseignement des langues locales : or, en pratique, rien ne s’oppose à ce que français et langues polynésiennes soient enseignées ensemble. La recherche montre même que le plurilinguisme en ce cas constitue un enrichissement certain pour les élèves, tant au plan cognitif que psychologique, en termes d’estime de soi.
Dès lors, la valorisation des langues autochtones passe également par la revitalisation des liens ancestraux de la Polynésie française avec les autres îles du Pacifique Sud – et crucialement par le soutien à la création contemporaine en langues polynésiennes, dans un souci à la fois de transmission et de renouvellement de la tradition.