27 | 2015Le yiddish

Le cas du yiddish livre des enseignements d’une portée générale : sans le soutien officiel d’aucun État, une culture peut connaitre un épanouissement exceptionnel. C’est le bouillonnement culturel qui fait exister la langue ; et, la diversité interne étant le mode de fonctionnement normal d’une langue, ses variétés et disparités renforcent d’autant ses capacités d’expression et son rayonnement.
Les linguistes l’ont parfois appelée langue de fusion, de contact, de substrat ou de superstrat ; dans tous les cas, les locuteurs du yiddish sont le plus souvent bilingues ou plurilingues. Le yiddish est dès lors témoin et emblème de la coexistence des langues : sur toute l’étendue de son aire d’expression et tout au long de son histoire, il a toujours été en présence d’autres langues, et son processus de formation lui-même est l’agencement de matériaux linguistiques hétérogènes. Solidement associée, de longue date, au texte imprimé, la langue yiddish s’est principalement maintenue au travers de la création littéraire qui la prend pour matériau premier. Malgré les catastrophes de l’Histoire, la culture yiddish s’impose donc comme le signe d’un combat toujours vivant pour la création et l’expression.